Séjour en vallée d’Aspe, Auto-Stop et travail au Liberia

Salut à toi l’ami !

Depuis quelques mois maintenant, ton serviteur se transforme en ermite au cœur d’une vallée sauvage, écumant bars et comptoirs improvisés chez de nouveaux compagnons aux idées aussi grandes et aiguisées que leurs foies bien trempés.  Ici, on y est bien: De nombreux paysages verdoyants ou se prélassent paisiblement bovins, ovins et autres caprins; des églises dont tintent au loin les clochers, pratique si tu as la flemme d’attraper ton téléphone pour regarder l’heure lorsque tu larves dans ton lit;  l’odeur réconfortante aussi, constitué d’un conglomérat de différentes variétés fécales animales (oui, j’adore et alors!); la vie paysanne et toutes ces anecdotes de berger.

Et ce fromage alors né de cet animal qu’est la brebis, qui n’est capable que de suivre la croupe qui la précède tant bien même qu’il suffirait qu’une seule d’entre elles décide de sauter d’une falaise (parce que le cours de la laine est en baisse par exemple) pour se retrouver avec tout le troupeau au fond du gouffre. C’est un peu con une brebis. Sylvain, berger, fan de Zappa (parce que les bergers sont cools) me raconte: « En plus d’être con, elles sont fourbes et il arrive que des que t’as le dos tourné, tu puisses entendre une des brebis qui aurait repérer un pâturage aguicheur, beugler d’une manière peu commune et dont la signification serait en fait « wouhou les copines! le boss est pas là! Venez on se casse sur le terrain d’à côté même si l’herbe et la même, ça aura au moins le mérite de le faire courir! ». Du coup, ce merveilleux fromage né du lait de ces animaux écervelés et qui est peut-être le pire truc pour le type qui souhaite se construire une éthique alimentaire agrémente la majorité de mes repas (petit déjeuner inclus) au point de me filer des crampes au bide. Promis, un jour j’arrête.

 

Pierot (la main, pas la vache), mon voisin, un des derniers à traire ses vaches à la main
Pierrot (Celui à qui appartient la main et non le pis), mon voisin, est un des derniers à traire ses vaches à la main.

Auto-Stop?

La plupart de mes longs trajets (entends par ici, Aspe – Bordeaux)  dont le but peut-être de passer 5 minutes à pôle-emploi Bègles pour leurs dire que je cherche un travail de photographe payé 2000 à 3000 balles par mois dans le secteur de Bordeaux. Déjà que c’est compliquer le boulot avec eux, j’ai bien le temps de me filer des crampes aux pouces avant qu’ils me décrochent un entretient et c’est parfait. Ils m’on ceci dit quand même proposé un truc: Mécanicien militaire sur paris alors que je ne sais pas changer les ampoules d’un phare

Donc la plupart de mes longs trajets se font en auto-stop. jusqu’à présent, tout ce passe très bien, mais un jour de pluie (déjà ça commence mal). Cyril, 27 ans, ancien commando, me propose de m’avancer d’une petite heure sur les deux au total. Bien entendu j’accepte avec plaisir. Les présentations sont faites et Cyril en fait, c’est donné une mission: séquestrer les gens dans une voiture et leur laver le cerveau à coup de doctrine religieuse. Oui séquestrer puisque lorsqu’il rate sa sortie d’autoroute, ce dernier te dit qu’il préfère t’amener jusqu’à Pau, 100km plus loin, parce-qu’il n’a pas fini de te parler. Il me décrit entre autre ses combats de démons qu’il mène durant la nuit, « Et même qu’il c’est vaillamment battu contre un vampire une fois… » un vampire mec! il continua en me disant que ce sont les prières qui permettent de construire des écoles en Afrique et qu’il faut refuser les dons des méchantes sociétés capitalistes mais il a quand même un GPS chinois mais ce n’est pas grave car « si le GPS ne marche plus, je suis guidé par le saint-esprit ». 2 heures, c’est long… Il m’as déposé a Pau, Allelouhia, je le remercie quand même, expose un peu mon point de vu pendant une petite dizaine de minutes parce qu’il m’a été impossible de prendre la parole sur la route.

Je n’ai pas de soucis avec la religion, je suis même baptisé de mon plein gré, ouaip mec, dieu est dans la place, mais la non, je suis heureux comme je suis moi merde! Je sort de sa voiture, prends mes écouteurs, du slayer salvateur dans les oreilles.

J'aurais du me douter de quelque chose lorsqu'il c'est arrêté.
J’aurais du me douter de quelque chose lorsque j’ai vu sa voiture

Ha ouaip cool ta vie, mais…on s’en fout non?

Ouaip ouaip ok,  je te vois venir « Alors tom, tu pars quand? etc etc?! ». Comme tu le sais donc, je prévois de rejoindre la Thaïlande par la force de mes maigres mollets imberbes. Faut vous dire monsieur, que je suis une brel en ce qui concerne une quelconque projection de mon avenir financier (sous réserve que ce dernier existe). Grosso-Modo, j’ai pas assez de thunes pour partir décemment, la, de suite:

  • Nouveau vélo d’occase: 120€ OK
  • Fringues, tente, matelas, duvet: 900€ OK
  • Equipements vélo et outils divers: 800€ OK
  • Argent journalier (5€/jour): 2500€  Partiellement OK
  • Assurance pour 500 jours: 1500€ Pas OK

Bref, j’ai pas de thunes. J’ai déjà pensé au crowfounding et à la demande de sponsor mais comme a peu près tout ce que j’entreprends dans la vie, je m’y suis pris trop tard. Je repousse donc ce projet, le temps de me refaire une santé financière à la hauteur de mes ambitions.

Ha ouaip mais trop naz mec! Tu vas faire quoi du coup, continuer a glander au fond de ta vallée? lol

En fait, j’ai plusieurs choix qui se présentent.

  1. Je peux partir à l’arrache, avec ma b*te, mon couteau et mon sourire qui me permettra peut être de me faire payer un paquet de lustucru a quiconque voudras bien aider un cyclo-clochard.
  2. Je peut bosser en France, un peu. Mais le constat est le suivant: je touche 1100€/mois avec pole emploi. Je ne veux plus bosser dans l’informatique. Il me reste alors serveur ou animateur dans un camping. Etant donner que je toucherais probablement le même salaire misérable et que l’idée de faire danser des gens sur du Patrick Sebastien comporte le risque que je me mette à porter des Marcel et des tongs chaussettes en été. je met cette option de côté
  3. S’expatrier, le temps de faire passer les saisons, de renflouer le compte en banque et de se faire une autre expérience avant de remonter en selle.
  4. Prier le Saint-Esprit pour qu’il me file de la thune.
Ici, on crame les champs pour "nettoyer", c'est l'écobuage
Ici, on crame les champs pour « nettoyer », c’est l’écobuage

Alors alors?

J’y arrive j’y arrive! Je pars donc, dans ce merveilleux pays qu’est le Liberia, âgé d’un peu moins de 200 ans, fabriqué de toute pièce par une société esclavagiste, une vingtaine d’années de guerre civile qui aura causé plus de 300000 morts et qui, a peine après avoir eu le temps de se relever et de reprendre son souffle, se retrouve à nouveau giflé par un autre ennemi qui te fait saigner de l’intérieur et provoque des gonflements digne d’un monsieur bibendum (Decidement, ils ne savent plus quoi inventer pour promouvoir un produit): Cet ennemi donc c’est ebola.

Ebola est au Liberia.
On trouve Ebola principallement au Liberia, en Guinée et en Sierra-Léone

 

 

Le Liberia alors?

C’est donc après avoir passé de nombreux entretiens sur Skype que je peux enfin décroiser mes doigts. Yes, ils m’ont choisi! Je pars à Monrovia au Liberia travailler en tant que chargé de media pour une ONG qui se nomme  « More Than Me ». L’asso s’occupe de sortir des filles du plus gros bidonville du Liberia pour les scolariser: « West Point ». Encore un taff avec des morveux quoi.

Mais tu vas faire quoi du coup? Encore travailler dans une ONG! Tu es décidément vraiment trop bon tu sais.

Hahah oui je sais, ma bonté me perdra que veux tu! Mon taff donc, consistera en la réalisation de média photo et vidéo pour promouvoir l’association au plein coeur de Monrovia au Liberia. Pas mal de trucs basiques comme des portraits d’étudiantes, du staff etc mais aussi des trucs plutôt cool comme la réalisation de clips vidéo et de petits reportages. c’est donc excité comme une pucelle rafraîchissant frénétiquement sa boite mail afin de voir si son Jule l’invitera au bal de fin d’année que j’attends le mail contenant mon contrat et mes billets d’avion. Je vais être rémunéré pour ce qui c’est avéré être une passion, au Liberia, pays totalement inconnue du bataillon. Vais-je être à la hauteur? On va tout faire pour en tous cas. RDV le 15 Mai mes poulets, Jour de mon envole pour le Liberia!

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